Capsule 14
Objets insolites de la région de Mons et d’ailleurs
Briquet de tranchée
Indispensable aux poilus (14-18), cet objet servait pour allumer cigarettes ou pipes. Il fonctionnait à l’essence ou à l’amadou.
Ce briquet prenait des formes multiples (livres, etc..) et était souvent offert par la famille comme porte-bonheur. Parfois, ils étaient fabriqués dans les tranchées à partir d’une vieille montre à gousset ou d’une douille de balle. Généralement on y gravait le nom du soldat et une illustration.
La photo ci-dessus nous montre Saint-Georges, figuré par un soldat anglais, combattant un dragon. Le texte de ce côté est : « Glory to the United States » (Gloire aux Etats-Unis).
Le verso représente un lion et l’inscription « Britannia 1917″. En-dessous, trois noms : « Vimy, Bullecourt, Roeux ».
Ce briquet devait appartenir à un soldat britannique :
• L’assistance de Saint-Georges dans les combats est un motif récurrent dans l’imaginaire anglais.
• « Britannia » est une personnification féminine de la Grande-Bretagne, de l’Empire britannique ou du Royaume-Uni, tout comme la Marianne est la personnification de la République française. Britannia est souvent accompagnée par un lion comme c’est le cas sur le briquet.
• Les trois villages (Vimy, Bullecourt, Roeux) sont des lieux à proximité d’Arras où se déroulèrent des combats sanguinaires en 1917 entre les Allemands et les Anglais (et les Australiens).
• « Glory to the United States » : en 1917, les USA entrent dans le conflit et soutiennent l’effort de guerre des Alliés.
Signification d’Amadou : matériau spongieux qui se trouve dans la partie supérieure du champignon et qui se présente comme une sorte de feutre naturel utilisé séché depuis la préhistoire soit, pour allumer le feu ou, ici, le tabac à fumer. En médecine, on l’utilisait pour la dessication des plaies.
Albuminimètre
Conçu par Mr Becquerel, cet objet sera utilisé jusque dans les années
1960.
Il servait en biologie surtout pour évaluer le dosage approximatif d’albumine
en grammes dans un liquide (urines, sérum…)
Cette éprouvette est donc graduée et obturée par un bouchon de liège et
protégée par un étui en buis avec une fermeture vissée.
D’une hauteur de 23 cm, ce tube a 2 repères : un V pour le niveau de
liquide et un R pour le réactif.
‘’Baguette-fuseau’’ encore appelée ‘’bâton à gants’’
Cet outil de 60 cm sur 2,7 cm est utilisé par le ‘’dresseur de gants’’ pour contrôler les coutures. Il est constitué de 2 baguettes articulées qui forment un levier et dont les bouts effilés s’écartent sous la pression de la main. L’ouvrier passe ces 2 baguettes dans chaque doigt. Cet outil était surtout utilisé pour la fabrication des gants de peau (agneaux et chevreaux). Dans l’Encyclopédie de Diderot et d ’Alembert (1778), on le désigne par le terme ‘’bâton à gant’’ ou ‘’retournoir’’ ou ‘’renformoir’’ ou encore ’’tourne-gant’’. On parlera de ‘’bâtonner un gant ‘’. Il place ensuite successivement ces 2 baguettes sur la ‘’demoiselle’’ (pièce formée de billes de bois de diamètre décroissant ayant une hauteur d’environ 30 cm) afin de garder l’écartement du doigt et ainsi lui donner la bonne mesure.
Soulignons ici les 3P de l’artisan : passion, patience et pilier (c’est-à-dire apprendre et transmettre son savoir-faire).
Christine Godelaine