21 avril 2021 | Actualités, Capsules

Capsule 11

A LA RENCONTRE …. DU PLUS ANCIEN MEUBLE DE LA VILLE DE MONS +/- 1500.

Ce coffre est considéré depuis toujours comme le plus ancien meuble de la cité montoise et répertorié comme coffre d’échevinage ou de corporation. Il devait contenir des archives précieuses, ce qui se déduit de ses 3 serrures …
Il est particulier dans le fait qu’il est bâti sur un piétement très caractéristique à 4 griffes stylisées. Mais, sa structure faite d’ais épais en chêne, assemblés en plats joints et renforcés de ferrures et pentures fixées au moyen de clous forgés, en fait un objet classique pour l’époque. Ses 3 serrures différentes munies des clés impliquent un contenu exigeant la présence de trois responsables dûment mandatés. (44x90x28 cm).
II fut mentionné dans le catalogue du regretté Musée du Chanoine Puissant sous le n°5, où il est resté visible jusqu’à sa fermeture.
N.B. Frans Defour publiait en 1977, un remarquable ouvrage consacré au mobilier de la Belgique. Parmi d’autres, il choisit pour les illustrations une série de meubles conservés à Mons dont ce coffre d’archives.
DEFOUR, Frans, 7 siècles d’art du meuble en Belgique du XIII° au XX° s., Tielt, Lannoo, 1977.

  • Quelques mots à propos des corporations.
    Au moyen âge, il est établi qu’il existait à Mons une seule corporation du bois associant 14 métiers de la construction (probablement) dont les maçons, charpentiers, écriniers, esquarreux du bois, tourneurs, couvreurs, tailleurs de pierres et autres dès 1475.
    Des scissions et regroupements spécifiques aux divers métiers, s’opéreront ensuite au gré des intérêts des uns et des autres, au fil du temps.
    Unis en corporations, les membres des métiers se retrouvaient pour une majorité, en confréries religieuses placées sous la protection d’un saint patron. St Matthieu sera choisi par les menuisiers montois, St Joseph par les charpentiers, St Luc par les sculpteurs, peintres et vitriers.

Au cours du XVIII° siècle, les corporations voient leur situation se dégrader face à des courants politique et économique préconisant davantage de libéralisme. A bout de souffle, elles seront supprimées en 1795, par application des lois françaises (Le Chapelier) des 2 mars et 14 juin 1791 instaurant un régime libéral.
Il est intéressant d’apprendre que les peintres et sculpteurs furent les premiers libérés du régime corporatif par une ordonnance impériale de Joseph II, du 13 novembre 1772, proclamant l’émancipation des Beaux-arts dans tous les Pays-Bas.
A Mons, l’Académie des Beaux-Arts s’ouvrait dès 1780.

A la rencontre … Du plus ancien meuble de France.

L’armoire liturgique de l’église abbatiale cistercienne de St Etienne à Aubazine en Corrèze. Chêne.
Ce meuble, le plus ancien répertorié en Europe, date du dernier tiers du XII° siècle ou du début du XIII° siècle et est classé depuis 1891 au titre de monument historique du patrimoine français. Y étaient déposés les objets liturgiques, linges, reliques, saintes huiles et Saint Sacrement nécessaires au service du culte.
Son extrême massivité plaide en faveur d’un travail de charpentiers conforme aux normes du contexte architectural de l’époque.
Le bâti est constitué de solides montants d’angle et d’épaisses planches (ais) refendues à la hache assemblées à tenons et mortaises rivetés dont le maintien est assuré par des éléments de fer forgé. Deux verrous à tige droite assurent la fermeture des vantaux lesquels sont assez semblables aux volets d’un placard encastré dans les murs de l’église.
Les arcatures en plein cintre supportées par des colonnettes sur les côtés du meuble et les dents de scie sur la corniche sont des motifs architecturaux aussi présents ailleurs dans l’église. Il fut peint autrefois – une pratique courante au moyen âge – car s’y retrouvent des traces de dorure et de pigment rouge.
L’âge et l’humidité du meuble ont nécessité des restaurations mais le meuble a gardé un état exceptionnel.

A LA RENCONTRE DE … L’armoire de Noyon (XIII° s.)

Outre le plus ancien meuble de France et de la chrétienté conservé en Corrèze, un proche ‘’cousin’’ du même âge à peu de chose près, est préservé dans les Hauts de France, au sein de l’ancienne cathédrale Notre-Dame-de-Noyon. (Oise). La cathédrale actuelle fut construite sur d’autres bâtiments religieux ruinés (églises mérovingienne et carolingienne) à partir du XII° siècle (1145).
Quant à la ville de Noyon, connue dès l’époque gallo-romaine, elle fut associée à la ville de Tournai pour constituer un évêché au VI ° siècle (581).
L’armoire dont il est ici question, ne diffère pas fondamentalement de celle d’Aubazine dans sa structure. Aussi massive et grosso-modo du même type, elle est formée de montants d’angles complétés de lourdes planches (ou ais) de chêne refendues à la hache et assemblées à plats joints avec chevilles ou tourillons, le tout sous corniche et avec plinthe. Elle comporte six vantaux (2×3) et se caractérise par une abondance de ferrures très soignées assurant une double fonction, le maintien de l’ensemble et la décoration.
Un coffre muni de semblables pentures est conservé à Notre-Dame de Noyon.
L’armoire servait au rangement de linges et d’objets religieux.

Christine van Bastelaer