THEME « NOS DIFFERENCES SONT NOS RICHESSES »
Du 01/01/2013 au 30/06/2013
La différence a toujours existé… heureusement ! Différence d’âge, de richesse, de santé, de capacités, de chance, et combien d’autres ? Tout cela semblait naturel, normal, inévitable…
Aujourd’hui la différence pose problème. Et c’est assez paradoxal puisque depuis plus de deux siècles, les droits de l’homme ont été reconnus officiellement et ont même fait l’objet d’une Déclaration universelle en 1948. Or que sont les droits de l’homme sinon une légitimation de la différence ?
Alors pourquoi ce problème ?
Si nous sommes prêts à accepter la différence pour les individus, nous ne sommes pas prêts à l’accepter pour les cultures.
Jusqu’il y a quelques dizaines d’années, les cultures, nombreuses et différentes, créées par les hommes un peu partout sur notre planète, restaient cloisonnées. L’Autre restait chez lui. Les Occidentaux seuls voyageaient, conquéraient et imposaient aux autres la Civilisation. Entendons par là : la nôtre. Maintenant ces autres arrivent chez nous, même sans y être invités. Et de même que nous n’abandonnions pas notre culture quand nous allions chez eux, eux n’entendent pas abandonner leur culture en arrivant chez nous. Qu’ils sont plaisants, les discours sur l’intégration, que nous n’avons jamais pratiquée mais que nous exigeons de la part des autres !
Une culture, c’est une sorte de programmation du cerveau, c’est ce qui le structure, ce que l’imaginaire social y a imprimé d’une manière indélébile. Alors quelle illusion que d’attendre un pareil renoncement ! Seulement voilà : la différence culturelle fait peur… On tente alors de rejeter l’autre dehors (les charters…) ou de l’enfermer dans une identité qui se fait rassurante une fois que l’autre a été défini.
Pourtant une culture n’est jamais figée : elle évolue sans cesse, surtout quand elle en rencontre d’autres. Et d’ailleurs, ce qui nous menace aujourd’hui est davantage un laminage des autres cultures au profit d’une sorte de culture globale à forte composante mercantile et matérialiste. Le monde musulman l’a bien compris et se défend comme un beau diable ! De même que de nombreuses espèces végétales et animales disparaissent peu à peu, nous risquons plus un appauvrissement culturel par réduction de la différence qu’un prétendu « choc des civilisations » qui en arrange plus d’un.
Aller à la rencontre d’une culture, c’est en découvrir les richesses, c’est-à-dire enrichir notre imaginaire, trouver d’autres réponses aux questions et problèmes qui se posent à nous. Mais pour cela, il nous faut apprendre à nous décentrer. Plus difficile que de tenir des discours méprisants ou affolés devant la différence…
Jean Schils