2 juin 2021 | Actualités, Capsules

Capsule 17

CAPSULE LITTERAIRE  
 
  
                           Un penseur bien montois : le Singe du  Grand’Garde

Symbole porte-bonheur de notre cité, le Singe du Grand’Garde est mentionné pour la première fois en 1843 par Renier  Chalon (1802-1889) :  « On remarque encore sur la façade de l’Hôtel de Ville, près de la première fenêtre à gauche de la porte principale, (…) un ouvrage de fer forgé assez singulier; c’est une petite figure de singe accroupi, d’un pied de haut environ. Je n’ai jamais pu deviner l’usage ni le symbolisme de cet hiéroglyphe municipal ».
Qu’il soit le chef d’œuvre d’un forgeron, ou l’enseigne d’une taverne, ou encore un pilori pour enfant… peu importe ! Pour nous, il est symbole de bonheur si on le caresse de la main gauche… surtout depuis les années 1930 lorsque Paul Heupgen, avocat et historiographe, invente cette « légende urbaine » dans les Viéseries publiées dans La Province entre 1925 et 1950 .  N’hésitez pas à consulter le site suivant si vous souhaitez en connaître un peu plus sur le petit singe en fer forgé.
https://www.mons.be/vivre-a-mons/mons-et-son-histoire/patrimoine/patrimoine-civil/singe-du-grand-garde
Mais venons-en à notre centre d’intérêt : les textes littéraires et leur vision du Singe du Grand’Garde !
AMICAL: « Quel Montois caïau n’a pas réservé, dans un coin de son cœur, la plus tendre amitié pour le plus vieux bourgeois de Mons. (…) Je l’ai connu, le front garni de cheveux et les yeux pétillants. L’âge l’a rendu chauve et l’éclat de ses yeux s’est éteint. Mais il a gardé dans sa cervelle tout son esprit d’autrefois . (…) Depuis cinq siècles qu’il est là, assis sur son petit derrière de singe, il en a vu des événements et de grands hommes monter au Capitole pour choir un jour de la Roche Tarpéenne. Il en a vu passer des « Mariache d’el fie chose » et s’est diverti à combien de Lumeçons ! « (G. Sohier, Mons, Les arts, les fêtes et les figures, Association des Montois Cayaux, 1982, p. 34)
ESPIEGLE : Robert Desessarts, dans son ouvrage Sur les pas des écrivains en Hainaut, (éditions de l’Octogone, 1999, p. 45) nous le présente comme un petit singe en fer forgé au regard railleur et tendre, censé exaucer les vœux de ceux qui le caressent avec la main gauche.
EXOTIQUE : Nicolas Ancion,   termine sa  nouvelle Que j’ai répondu (2005)  comme suit : « J’aime bien Mons, moi, au fond. C’est peut-être pas l’Afrique, mais il  y a un singe. A chaque fois que je passe devant, je lui caresse la tête. Je vois bien qu’il comprend. Il sait qu’à l’heure qu’il est je pourrais être au bout du monde. Sur une île, avec des femmes à mes pieds. »
IMPASSIBLE : « C’était en 1914. Son père lui avait souvent raconté cette bataille féroce où les Allemands et les Britanniques avaient tenté de faire tomber les alliés…devant le regard statique du p’tit singe, accroché depuis toujours à la façade de sa « maîtresse », cette « maison de paix » devenue le théâtre de bien des événements au cours des siècles passés.  (Rose Berryl, La passion de Marguerite, 2007)
SUPERSTICIEUX : Cette fois, l’allusion au singe commence la nouvelle de Toni Santocono, Ca va d’aller ! (2009 ). « Je traverse nonchalamment la Grand-Place non sans un détour par le singe à qui je frotte distraitement la tête. Il paraît que ça porte bonheur ! Je n’y crois pas mais, bon, on ne sait jamais ! »

Et vous, lecteur, par quel adjectif le caractériseriez-vous ?

Joëlle Bonaventure

Photos: Pascal Duchêne