Capsule 9
Mons vaut bien une messe et … une statue
Premier temps : un vaudeville.
Mons 1572. Les guerres de religion font rage. Les protestants s’emparent de la ville par surprise. Ils auraient saoulé ou soudoyé les gardes postés aux portes de la cité. Très catholiques, les habitants hésitent à collaborer avec l’occupant sauf quelques sympathisants de la Réforme dont le célèbre Jacques Dubroeucq, sculpteur, architecte, mais aussi spécialiste des forteresses. Il aide vraisemblablement au renforcement des fortifications.
Deuxième temps : la répression
Le Duc d’Albe envoie une puissante armée de 28.000 hommes. Face aux troupes espagnoles, les protestants doivent capituler ; leur chef, Louis de Nassau peut quitter la ville librement accompagné de ses troupes, des Montois et des protestants qui le désirent. Les autres habitants reçoivent la promesse de ne pas être inquiétés. Cependant Philippe de Noircarmes, Grand Bailly du Hainaut, crée la Commission des Troubles qui fait pendre nonante « collaborateurs ». Les investigations de la Commission se poursuivent et après trois mois de recherches, soixante-neuf condamnations à mort sont prononcées. Le protestantisme est extirpé définitivement de la ville mais la région est exsangue.
Troisième temps : Dubroeucq le condamné
Après la capitulation, il quitte la cité montoise car il n’est pas inquiété dans un premier temps. Pourquoi est-il revenu quelque mois plus tard ? A-t-il été trop présomptueux, se croyant protégé par son titre de Maître artiste du roi d’Espagne ? Rien ne nous permet de l’affirmer. Mais une chose est certaine, la Commission des Troubles enquête sur son cas et l’emprisonne. En toute logique, il aurait dû être exécuté comme « collaborateur ».
Quatrième temps : Dubroeucq le « pistonné »
Déjà au XVIe siècle, il est bon d’avoir du « piston ». Et Dubroeucq n’en manque pas ! Il supervise la construction des résidences du gouverneur de Mons et du Grand Bailly du Hainaut. Pour ne pas interrompre les travaux, ce dernier demande à la Commission des Troubles de libérer temporairement son architecte préféré en le faisant accompagner de gardes pour pouvoir surveiller le chantier. Il est finalement libéré mais il doit abjurer le protestantisme et sculpter un saint Barthélémy comme preuve de son adhésion au catholicisme. Voilà donc une statue qui lui sauve la vie et lui permettra d’arpenter les rues de la ville pendant douze années encore.
Saint Barthélémy
Statue expiatoire (1572) destinée à la chapelle du patron des tanneurs.
Cette oeuvre marque l’évolution du style de Dubroeucq qui passe du Maniérisme au Baroque.
Gérard Waelput