Les Soeurs Noires
La congrégation
Dans la seconde moitié du 15ème siècle, plusieurs béguines du béguinage du Cantimpret reçoivent de l’évêque de Cambrai, Mgr Henri de Berghes, l’autorisation de prononcer les trois vœux et d’entrer ainsi en religion. En fait, depuis une vingtaine d’années, elles vivaient déjà en communauté et avaient choisi de suivre la règle de saint Augustin. Ce sont donc des Augustines, auxquelles l’évêque impose de porter le scapulaire noir. Ce vêtement leur vaudra le surnom de « Sœurs Noires ». En 1485, le Pape leur envoie une bulle d’approbation.
Mais les Chanoinesses de Sainte-Waudru ne l’entendent pas de cette oreille… Elles refusent aux Sœurs Noires de s’installer sur les terres appartenant à leur juridiction. Commence alors un long procès, qui remonte jusqu’au Pape et ne se termine qu’en 1497. La décision finale stipule que les Sœurs Noires devront quitter le béguinage et s’installer en-dehors de la juridiction des Chanoinesses. L’année suivante, la communauté vient alors s’établir à l’extrémité de la ville, en bordure de Trouille, dans un quartier pauvre, artisanal, malodorant.
Avec l’aide du magistrat de la ville et de généreux donateurs, elle y fait construire un couvent, qui connaîtra de nombreuses transformations au cours des siècles.
Les Sœurs Noires bénéficient très vite d’une grande popularité car elles ne se contentent pas d’être des contemplatives. Elles exercent dès le départ un apostolat en s’occupant de soigner les malades à domicile. Leur dévouement lors des épidémies de peste leur vaut l’admiration de tous.
Au milieu du 17ème siècle, l’archevêque de Cambrai, Mgr François Van der Burch, les incite à approfondir leur vie contemplative, tout en préservant leurs activités caritatives. Il leur offre une importante donation, qui les dispense désormais d’aller quêter leur nourriture à travers la ville.
Au 18ème siècle, elles développent un de nouveaux apostolats : l’instruction des jeunes filles de condition modeste et l’accueil de « dames en chambre ».
En 1956, devenues trop peu nombreuses, les Sœurs Noires se rattachent aux Servites de Marie (de Jolimont). Elles vendent leur couvent aux FUCaM en 1986.
Pour en savoir plus :
P. MAJERUS, Les Sœurs Noires à Mons : au cœur de la ville, dans Des Sœurs Noires aux Ateliers des FUCaM – Un espace au service de la Cité, FUCaM et Maison de la Mémoire de Mons, 2005.
Le patrimoine bâti
Le couvent des Sœurs Noires a été modifié à plusieurs reprises au cours des siècles.
Lorsque s’achève, en 1497, le procès qui les opposait aux Chanoinesses, les Sœurs Noires font construire leur couvent à l’emplacement actuel, avec l’aide du magistrat de la ville et de généreux donateurs. La chapelle est consacrée en 1516 mais le cloître n’est achevé qu’en 1557.
A la fin du 16ème siècle, une seconde chapelle est construite par l’archevêque de Cambrai, Louis de Berlaymont, suite à la réussite d’un exorcisme particulièrement difficile sur la personne d’une « possédée », la Sœur Jeanne Ferry. Louis de Berlaymont se fera ensevelir dans cette chapelle. Voilà pourquoi le couvent comporte – fait rare – deux chapelles.
A la fin du 17ème siècle, les bâtiments conventuels sont eux-mêmes modifiés, sous la contrainte d’événements extérieurs. Le siège de Mons par les troupes françaises en 1691 démolit l’aile arrière, où vit la communauté, et nécessite sa reconstruction.
En 1749, les deux ailes de façade, le long de la rue du Grand Trou Oudart et de la rue des Sœurs Noires sont construites pour répondre aux 2 nouveaux apostolats des Sœurs Noires : l’instruction des jeunes filles pauvres et l’accueil de personnes âgées. Ces deux bâtiments sont isolés des bâtiments claustraux par une ruelle.
Au 19ème siècle, l’aile arrière est prolongée. De même, le cloître est reconstruit et la chapelle principale réaménagée, en style néo-gothique.
Pour en savoir plus :
G. BAVAY, Ensemble, habiter la Cité, dans Des Sœurs Noires aux Ateliers des FUCaM – Un espace au service de la Cité, FUCaM et Maison de la Mémoire de Mons, 2005.
Le patrimoine mobilier
Au cours des siècles, les Sœurs Noires ont accumulé un important patrimoine mobilier, souvent désigné sous le nom, un peu excessif, de « Trésor des Sœurs Noires ». Ce patrimoine s’explique par l’habitude qu’avaient les familles aisées d’offrir un œuvre d’art au couvent dans lequel entrait une de leurs filles.
Ce patrimoine comporte essentiellement des peintures (sur toile et sur bois), des statues, des chasubles, des pièces d’orfèvrerie et quelques rares meubles. Il faut y ajouter plusieurs manuscrits. La catégorie la plus remarquable est sans doute la collection de chasubles.
Mais l’objet le plus célèbre est le reliquaire contenant le crâne de Dagobert II.
Le patrimoine contemporain
Après le rachat et la rénovation du couvent des Sœurs Noires par les FUCaM, l’ancien Recteur Jacques Drousie voulut continuer à enrichir le patrimoine mobilier. Il proposa alors l’acquisition de gravures, qui auraient aussi l’avantage de décorer les importantes surfaces murales des Ateliers.
Complétée au fil des années, la collection de gravures s’élève à plusieurs centaines. Elle comporte des œuvres de graveurs célèbres comme Pierre Alechinsky, Gabriel Belgeonne, Marius Carion, Anto Carte, Edmond Dubrunfaut, Marcel Gillis et bien d’autres.
Pour en savoir plus :
Jacky ASSEZ, Une belle collection de gravures, dans Des Sœurs Noires aux Ateliers des FUCaM – Un espace au service de la Cité, FUCaM et Maison de la Mémoire de Mons, 2005.
Le marquage mémoriel
En s’installant aux Ateliers des FUCaM, la Maison de la Mémoire se donnait comme tâche prioritaire de revitaliser le patrimoine du couvent des Sœurs Noires dans toutes ses dimensions.
Elle s’attela donc à deux chantiers :
- la mise sur pied d’une exposition : Les Sœurs Noires – Un couvent dans l’Histoire, 2004
- la rédaction d’un livre : Des Sœurs Noires aux Ateliers des FUCaM – Un espace au service de la Cité, 2005.
A l’occasion de l’exposition, des plasticiens contemporains furent appelés à travailler sur le thème. A l’issue de l’exposition, plusieurs de ces artistes offrirent ou mirent en dépôt une de leurs œuvres tandis que les FUCaM et la Maison de la Mémoire achetaient deux œuvres. Installées à divers endroits, ces œuvres rappellent l’empreinte des Sœurs Noires. C’est ce que nous appelons le « marquage mémorial ». Il est destiné à souligner la continuité entre hier et aujourd’hui, à donner de la profondeur historique à l’espace des Ateliers.
Six œuvres sont actuellement visibles :
L’Oiseau de l’Apocalypse, par Desnouckpol (préau) (achat)
Tiroir du passé, par Jacques Verly (ruelle)(don)
Mémoire de Kalyx, par Jacky Assez (chapelle)(achat)
Accueil, par Roland Lavianne (jardin)(dépôt)
L’arbre, par Isabelle Willems (petit vestibule)(dépôt)
Un couvent dans la ville, par Jean-Pierre Joly (ruelle)’don)